Témoignages d'éleveurs

Portrait d’éleveurs : Michel et Claude Kerangueven


Il y a une douzaine d’années, Claude et Michel Keranguéven ont craqué pour cette race bretonne ancienne. Une race qui ne doit son salut qu'à quelques spécimens repérés, en 1978, dans la région du Goélo, au nord ouest de Saint-Brieuc. "De notre côté, nous l’avons un peu découverte par hasard. Aujourd’hui, nous savons que la Froment du Léon a une identité forte attachée au terroir, mais qui apporte aussi quelque chose en plus au niveau de la qualité des produits".

portrait Kerangueven

Vache aux caractères laitiers affirmés, cette autochtone fournit un lait très riche en matière grasse (plus de 48%) et en carotène. Cette capacité à fixer ce pigment naturel se retrouve dans le beurre et le fromage fabriqués avec son lait. Le beurre éclate de sa couleur jaune bouton d'or et la tomme dévoile sous sa croûte couleur de lune un cœur rempli de soleil. "Ce qui est intéressant, c'est que les particularités du lait de cette vache se voient sur les produits. Les clients sont interpellés par la couleur prononcée des fabrications, par la hauteur de crème qui se dépose sur le lait.", fait observer Michel Keranguéven.

Cette aptitude à produire un lait différent, on la retrouve aussi dans la saveur des produits que Claude et Michel Keranguéven fabriquent sur leur ferme de Penn ar Ménez, à Pont-de-Buis-lès-Quimerch (29). Aujourd’hui, la production des 8 vaches du troupeau, conduit en bio, est entièrement valorisée en vente directe sur les marchés de Pont- L’Abbé, Quimper (aux halles et à Kerfeunteun) et Le Faou. "Nous ne produisons pas totalement notre quota de 39 000 litres", expliquent les éleveurs qui préfèrent insister sur la qualité et la valorisation des produits. "Avec le lait produit par la Froment, nous sortons des produits haut de gamme qui séduisent les consommateurs, bien au-delà de la couleur qui s'avance certes comme un excellent vecteur de communication.”

Plus que mettre son expérience personnelle en avant, ce couple d’agriculteurs, ayant un passé agricole plus conventionnel, préfère se faire les ambassadeurs de la Froment du Léon. "Il y a un créneau pour des jeunes désireux de tracer leur sillon dans la vente directe avec cette race", assurent ces éleveurs en mettant en avant la gamme de produits possibles avec le lait de ces vaches. "Aujourd’hui, nous proposons du lait cru, du fromage blanc, du fromage frais ail et fines herbes, du gros lait, du saint-marcellin, et bien sûr de la tomme qui nous permet de gérer la fluctuation de la production au cours de l’année. En fait, tous les surplus passent dans la fabrication de ce fromage", citent les éleveurs, indiquant, qu’en pleine saison d’herbe, ils écrêtent la production en passant à la monotraite.

"Ce n’est pas tout de produire, il faut transformer et, encore plus, vendre. Sur notre ferme, nous exerçons en fait trois métiers à la fois", poursuivent ces éleveurs. Mais, même si maîtriser toute la chaîne, de la production à la vente, est exigeant sur le plan de la main-d'œuvre, ces agriculteurs ne semblent pas prêts à abandonner leurs vaches couleur grain de blé pour une race moins pimentée, car si douce à la fois.


Didier Le Du, Paysan Breton, semaine du N° du 9 au 15 Juin 2007.